Zatoichi vs the Flying Guillotine






Le sympathique monde de l'exploitation étant ce qu'il est, le personnage de Zatoichi a lui aussi dû payer la rançon de la gloire cinématographique. Il a été parodié avec le tueur peroxydé en ayant après Sonny Chiba dans le premier Street Fighter (une inspiration du Zatoichi de Kitano ?) ou gentiment moqué dans Shokin Kasegi (The Killer's Mission) par le propre frère de Shintaro Katsu voire carrément plagié à travers le personnage d'Oichi the Crimson Bat (une photocopie au féminin du personnage de Zatoichi le temps de quatre films plutôt médiocres) ou les rip off taiwanais datant du début des 70s ...
C'est en cherchant des films mettant en scène la fameuse guillotine volante que je suis tombé pour mon plus grand bonheur sur une copie de l'un de ces derniers, Zatoichi vs the Flying Guillotine (même si j'ai d'abord cru à une fan-fiction récente, mais heureusement, ce n'était pas le cas !).




La légende veut que Shintaro Katsu, grand joueur devant l'éternel, ait été obligé de tourner ces films pour règler des dettes de jeu contractées lors d'un séjour sur l'île. Mais n'importe qui ayant déjà vu un des Zatoichi ne sera trompé que 2 secondes par la ressemblance physique et les qualités de sabreur de ce masseur aveugle (même si côté mimiques et gestuelle, c'est assez bluffant).
L'histoire la plus vraisemblable autour de ce sosie est celle d'un concours national organisé par Foo Hwa Cinema (la société productrice de ces films) afin de dénicher le meilleur clone de Zatoichi. Un tenancier de bar dont le nom reste plus qu'obscur (il s'appellerait en réalité Sing Lung mais est toujours crédité en tant que Shintaro Katsu) a gagné et a tourné quatre films (à ma connaissance, il y en a peut-être plus) : trois rip off de Zatoichi donc (Golden Sword and the Blind Swordsman aka The Hunchback aka Zatoichi the Blind Swordsman, 1970 ; Blind Hero Fighting Evil Wolf aka Zatoichi and the White Wolf aka The Blind Swordsman vs White Wolf, 1972 ; The Blind Swordsman's Revenge aka Zatoichi vs the Flying Guillotine aka A Sword Renounced, 1974) et un polar (Number One Iron Man aka Ironic Hero aka Inspector Karate, 1973).





Malgré la copie recadrée et dégueue (le lot quotidien de l'aventurier en cinéma d'exploit') et une absence de sous-titre anglais, l'histoire est assez compréhensible et les scènes d'action fréquentes pour que le film se suive avec plaisir.
La "formule" Zatoichi est appliquée : le générique le montre en train de marcher seul (ici dans un ruelle plus qu'étroite), il défend la veuve et l'orphelin, il passe par une maison de jeu , son handicap est à la fois sa force (il pêche au son et harponne son dîner à l'aide de son kiseru -pipe japonaise de bambou à embouts métalliques, de différentes tailles, ayant donné naissance à un art martial : le kiserujutsu-) et sa faiblesse (deux brigands tapent en rythme sur leur fourreau pour le désorienter), il y a quelques pointes d'humour...
Le personnage de Zatoichi se retrouve propulsé en plein wu xia pian et croise un guerrier ayant renoncé au combat et brisé son épée (d'où l'un des aka du film : A Sword Renounced) ressemblant grandement à Jimmy Wang Yu qui défend une femme (devenue veuve à cause de lui, jouée par Chan Pooi-Ling, vue dans Born Invincible de Joseph Kuo) et son fils, un autre épéiste voulant à tout prix affronté le guerrier à l'épée brisée et bien-sûr un homme maniant la guillotine volante (Kong Do, l'éternel bad guy vu, entre autres, dans Retour à la 36ème Chambre). Je n'ai pas bien compris les motivations de ce dernier mais à la limite, du moment qu'il affronte notre masseur aveugle, peu importe.
Et n'ayez crainte, il l'affronte. Le film tient ses promesses et s'avère être un bon petit morceau d'exploitation. La partie wu xia pian est énergique, ça charcle plus que sympathiquement (joutes nombreuses, gorge tranchée, main écrasée, décapitation...) et l'affrontement final Zatoichi / Flying Guillotine, introduit par une musique à la ligne de basse bien groovy, vaut vraiment le coup.
Il ne me reste plus qu'à dénicher les deux autres.