La lumière fonctionne toujours en ces
lieux, c'est déjà ça.
De nouveau un magistral trait d'esprit
polyglotte (à double couche cette fois) en guise de titre pour
annoncer la troisième fournée de scans de couvertures de mangas. Et
de nouveau, pas mal de vieilleries.
Et des bonus !
Nihon no Don (日本の首領,
Le Parrain du Japon), première moitié des années 80.
C'est l'adaptation manga en six tomes
de romans d'Iiboshi Koichi (飯干晃一),
avec Jôno Akira (城野晃)
au dessin, calquant son intrigue sur la vraie vie du troisième
oyabun/kumichô du clan Yamaguchi, Taoka Kazuo, connu comme le
Parrain des parrains. Ces romans ont avant été adaptés au cinéma
en une trilogie au casting 5 étoiles (Mifune, Tsuruta, Chiba,
Sugawara, Matsukata, …) et réalisée par Nakajima Sadao. C'est
aussi à Iiboshi que l'on doit les romans d'après les articles à l'origine de la série
des Combats Sans Code d'Honneur.
Cobra (コブラ),
années 80.
Bon, pas besoin de faire les
présentations pour celui là. Ce sont les 18 tomes des aventures du
Bébel intersidéral par Terasawa Buichi (寺沢武一)
parus chez Jump Comics.
Hitler
Ojisan (
ひっとらぁ伯父サン)
Loin de L'Histoire des 3 Adolf
de Tezuka ou du Hitler de Shigeru Mizuki, nous voilà
en présence d'une compilation d'histoires à l'humour très noir
sortie en 1979 : un japonais ressemblant trait pour trait au führer
qui lève une armée de gamins de son quartier, parodie des camps à
la clé ; un groupe de japonais en visite à Hong Kong, dont un
ancien militaire fier de ses exactions à Nankin et qui finira en
"canard laqué"... C'est signé par un des deux auteurs
responsables de Doraemon : Fujiko Fujio Ⓐ (藤子不二雄Ⓐ)
.
A noter aussi une super histoire très
4ème dimension ayant pour base le tableau Le Château des Pyrénées
de Magritte.
Prince
Shotoku (
聖徳太子) de
Kai Takizawa (
滝沢解) au
scénario et Fukushima Masami (
ふくしま政美)
au dessin, 1977/1978.
Ou comment transformer le sage
propagateur du bouddhisme au Japon en un être surhumain avide de
vengeance d'outre-tombe via l'ultra-violence et le sexe. Aussi inclus
bataille de foutre, monstre féminin accouchant de nuées de
scorpions, dinosaures intersidéraux et autres éléphants
lance-missiles.
Tout cela bien-sûr dans le style
'fleshbomb' propre à Fukushima Masami.
Quelques photos-extraits :
Poursuivons avec deux recueils
consacrés à Bonten Tarô (凡天太郎),
œuvrant aussi dans le gekiga.
Il fût à la fois tatoueur, mangaka,
créateur de mode (Mohamed Ali fit appel à lui pour créer un de ses
peignoirs) mais aussi chanteur (se débrouillant pas mal en crooner
enka) puis peintre.
Bonten Tarô a un style inimitable, le
trait ultra précis dû à son travail de tatoueur rendant ses œuvres
hypnotisantes.
Le premier recueil de ces œuvres des années 70 est une compilation
d'histoires de loubardes, dans la veine des pinky violence de la
TOEI. Plusieurs personnages du maître antérieurs à cette vague de
films vont d'ailleurs connaître les joies de l'adaptation sur grand
écran comme Inochika Ochô (Sex & Fury, Female Yakuza Tale,
Delinquent Boss : Ocho the She-Wolf ) ou Halfblood Rica, le temps de
trois films.
Le second compile des histoires
d'horreur, non sans rappeler les publications EC Comics. D'ailleurs
l'éditeur responsable de ces publications, l'excellent Bonten Gekiga
Kai, y fait plus qu'allusion en quatrième de couverture.
(Deux autres recueils du travail du monsieur seront bientôt mien, un à base de ninjas, l'autre de boxe et une anthologie d’œuvres de Bonten Tarô
est prévue chez nous pour le mois de mai chez Le Lézard
Noir.)
Pour finir, quelques couvertures de
mangas signés de ce joyeux luron de George Akiyama (ジョージ秋山).
D'abord, datant de 1970/71 dans sa
réédition de 2006, Ashura
(アシュラ),
l'histoire étouffante d'un très jeune garçon durant un Japon
médiéval miné par les famines successives. Le manga fût interdit
dans plusieurs préfectures de l'archipel en raison de son
illustration du cannibalisme (notre 'héros' manquant de se faire
manger par sa propre mère d'entrée de jeu...). Aucune lueur
d'espoir pour qui que ce soit tout au long de ces deux tomes mais les
dessins sont mignons, alors ça va.
Il y a eu une
adaptation en long métrage d'animation en 2012 et elle est très
décevante. Sur le fond d'abord : sous couvert de la trahison
nécessaire à chaque adaptation, des énormes contresens sont faits
vis-à-vis de l'esprit du manga. Décevante, elle l'est aussi sur la
forme : la 3D et l'effet d'estampe fonctionnent bien sur pas mal de
plans, leur conférant une certaine puissance visuelle mais rendent
certains personnages totalement artificiels, notamment Wakasa, fille
dont Ashura tombe amoureux, et cela gâche l'ensemble.
Toujours
de 1970/71 (réédition de 2007), Zeni Geba
(銭ゲバ,
le grippe-sous/le pouvoir de l'argent), une
nouvelle histoire dépeignant les côtés les plus abjects de la
nature humaine. On suit le parcours de Gamagôru Fûtarô, petit
homme difforme qui, suite au décès de sa mère qui aurait pu être
sauvée s'il avait pu payer l'opération, décide de grimper
l'échelle sociale coûte que coûte. Drapé dans un cynisme à toute
épreuve et laissant derrière lui un monceau de cadavres (fabriqués
de ses propres mains d'abord puis indirectement ensuite en devenant
propriétaire d'une usine polluant l'environnement), il finira par
atteindre son but.
Comme dans Ashura,
la moindre lueur d'espoir est vite éteinte par un revirement encore
plus noir que le précédent et malgré quelques pertes de rythme
(comme dans Ashura), la fin vous laissera totalement désabusé.
Kaijin Gonzui
(海人ゴンズイ,
Gonzui le pêcheur/l'homme des Mers), de 1984 dans sa réédition de
2009. Encore une histoire d'enfant sauvage (ici un enfant noir tombé
lors d'une tempête d'un bateau négrier dans lequel il était
enfermé dans un tonneau) qui va apprendre à ses dépens à ne pas faire confiance
au genre humain. Le tout en chevauchant un requin qui vole
(les dessins de la faune marine sont dignes de planches
éthologiques). Mais cette fois, en plein milieu de l’histoire,
Akiyama en a marre (ou s'est aperçu qu'il avait déjà raconté ce
genre de chose) et décide de transformer tout ça en polissonnerie à
la Nagai période Harenchi Gakuen (ハレンチ学園)
alors que notre héros cherche à se faire des amis.
Cette édition
contient en bonus une histoire père/fils de chasse à la baleine.
Y'en a un peu plus, j'vous l'mets quand même ?
En bonus track,
quelques couvertures de mooks (c'est comme des livres mais mous).
Un
sur le genre pinky violence, 東映ピンキー・バイオレンス浪漫アルバム
(Tôei Pinky Violence Rôman Album),
avec
fiches de films et interviews de réalisateurs (Ishii Teruo, Suzuki
Norifumi, Sekimoto Ikuo...) En noir et blanc avec quelques pages
d'affiches/produits dérivés en couleur.
Un
autre, 別冊映画秘宝実録やくざ映画大全
(Bessatsu Eiga
Hihô Jitsuroku Yakuza Eiga Taizen), intégralement en noir et blanc
cette fois, sur la vague jitsuroku (~histoires vraies) des films de
yakuza des années 70, de la série des Combat Sans Code
d'Honneur (仁義なき戦い)
aux films avec /basés sur la
vie d'Andô Noboru en passant par ceux traitant du clan Yamaguchi
comme Yamaguchi-gumi Sandaime (山口組三代目).
Et
pour terminer, 東宝特撮映画大全集
(Tôhô
Tokusatsu Eiga Taizenshû), sur le roi des monstres et les films à
effets spéciaux de la Tôhô, du premier Godzilla
(ゴジラ)
à Godzilla : Final Wars.
Le mook est à l'échelle du lézard atomique (26x37), entièrement
en couleur, composé des affiches des films, du casting et
d'anecdotes sur les monstres ou le tournage.
(Des
photos cette fois, vu la taille de l'engin.)
A l'année prochaine !
(Ahah.)