Go Funk Yourself #1

Voici donc un nouveau rendez-vous sur le Funky Ronin autour de la blaxploitation. Il me servira de prétexte pour aborder le genre via un théme, un acteur, un compositeur ou tout simplement un film (suivant l'humeur du moment)...

Pour ouvrir le bal, deux métrages, exploitation jusqu'au bout des ongles, mettant en vedette le très baadasssss James Inglehart (parfois crédité Iglehart) dans des productions / réalisation du fraîchement regretté Cirio H. Santiago, disparu le 26 septembre dernier.
Je dois avouer ne pas avoir trouvé grand chose sur la biographie de notre bon James que vous avez peut-être déjà vu dans Beyond the Valley of the Dolls de Russ Meyer, dans le rôle de Randy Black. Il aurait été joueur de foot u.s. chez les Steelers de Pittsburgh (quand ils s'appelaient encore les Pirates) selon certaines sources, baseballer selon d'autres (l'équipe de baseball de Pittsburgh s'appelant aussi les Pirates)... bref, le mystère plane.



Commençons avec Bamboo Gods & Iron Men (1974, Cesar Gallardo)...
Cal "the Champ" Jefferson, champion de boxe (James Inglehart, donc), est en voyage de noce avec madame à Hong Kong (enfin aux Philippines, mais chhhhhut), lorsqu'il sauve un chinois muet de la noyade entre deux emplettes de Bouddha en bois. Le rescapé (joué par Chiquito, déjà cité en ces lieux pour TNT Jackson) les suivra désormais partout en vertue de la croyance asiatique qui veut que si un homme en sauve un autre, le vie du sauvé appartient au sauveur.
De son côté, le méchant de l'affaire, joué par Ken Metcalfe (lui aussi mentionné auparavant pour TNT Jackson et toujours co-scénariste, production Cirio H. Santiago oblige) court après une poudre magique censée le faire devenir maître du monde. La-dîte poudre se retrouvant bien entendu cachée dans le Bouddha en bois acheté par le jeune couple...

Bonjour, je suis Ken Metcalfe.

Bonjour Ken Metcalfe !

Bonjour Ken Metcalfe !!!

Voilà un étrange mélange de blaxploitation, de kung fu et de comédie qui, si l'on n'est pas trop regardant sur les trous du scénario, fonctionne plutôt bien. La musique, dont un thème funky vraiment pas mal, est accrocheuse. Pour l'anecdote, elle est signée Tito Sotto, devenu sénateur au congrès philippin durant les années 90.
Il y a une véritable alchimie entre Inglehart et sa partenaire (Shirley Washington), à croire qu'ils étaient vraiment en couple. Quand à Chiquito, il est plus en forme que dans TNT Jackson. Ses scènes de combat sont, toutes proportions gardées, bien emballées et les scènes de melting pot de la chicore (Chiquito et Inglehart s'apprenant leur technique respective) mettent sur un pied d'égalité les deux protagonistes dans un esprit bon enfant (on sent au travers de ces passages que le montage philippin devait accordé plus d'importance à la star qu'était Chiquito).


Nous avons bien entendu droit à notre (petite) dose de demoiselles dénudées comme dans la scène du salon de massage où nos héros se battent contre l'homme de main de Ken Metcalfe.
Des moments de burlesque décomplexé parsèment le film et étonnamment, ils ne font pas tâche. L'entreprise se termine d'ailleurs dans un grand éclat de rire à propos de la fameuse poudre, non sans avoir été précédé d'une dernière baston et d'un dernier catfight.




Le second film dont j'aimerais vous causer n'est autre qu'un de mes blaxploitation-pas-connu préféré, j'ai nommé Savage ! de Cirio H. Santiago (1973).



Première incursion de son auteur dans la blaxploitation, le film lui a été commandé par papy Corman qui voulait un "film de mercenaire noir" pour New World Pictures. Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous voilà donc embarqués dans les aventures de Jim Haygood, mercenaire à la solde du gouvernement (joué, comme par hasard, par monsieur Inglehart).
A la suite d'une opération commando servant de pré-générique, il capture le chef des rebelles locaux, Moncada, qu'il remet au major Melton (Ken Metcalfe, encore et toujours). Alors qu'il fête cette victoire en charmante compagnie, un journaliste lui annonce l'assassinat de Moncada. Notre mercenaire va alors peu à peu changer de camp et lutter contre le gouvernement pour finir en libérateur du peuple, nous donnant droit à une série B d'action plutôt bien troussée et très rythmée, au parfum révolutionnaire.


Parmis les passages exploit' (ici : explosions en tout genre, torture de femme à la gégène, viol par des militaires, scène de baignade en tenue d'Eve sortie de nul part, un poil de gore...), les nombreuses scènes d'escarmouches entre l'armée et les rebelles ne font pas (trop) ressentir le budget riquiqui de la prod, la jungle n'étant pas ce qui manque aux Philippines et les passages de guerilla urbaine ne nécessitant que peu de figurants.
De plus le cheminement 'psychologique' du personnage est intéressant et assez original, le porte-flingues gouvernemental mysogine découvrant grâce aux péripéties et la rencontre de deux femmes d'action qui vont devenir ses lieutenants (Amanda, habile au lancé de couteaux (Carol speed) et Vicki (Lada Edmund Jr), se balladant en body jaune canari en pleine jungle et adepte de la machette) qu'une conscience politique, c'est bien aussi. Du coup, le côté renfrogné et "tough guy" d'Inglehart sied bien au personnage.

A ne pas oublier non plus, le très bon score de Don Julian (pour une fois sans les Larks, avec qui il signera, entre autres, le tout aussi bon score du film jamais sorti Shorty the Pimp), oscillant entre le funky et le lounge. Dommage que ce film ne soit pas plus connu (et surtout accessible).





Avant de vous laisser, une petite pensée pour Rudy Ray Moore, aka l'inoubliable Dolemite, qui nous a quitté le 19 octobre à l'âge de 71 ans.

Dolemite, mothaFUCKA !!!